Le nom des rues

Certains noms de rues, de quartiers parlent d’eux-mêmes comme par exemple la grand-rue, la rue de la Vierge.

Pour d’autres, l’explication est plus difficile à trouver. Les délibérés de la Chambre Apostolique de Carpentras qui administrait les biens du Saint Siège lorsque Lapalud était terre papale, les archives municipales et départementales, les cartes et les plans cadastraux, les travaux de l’abbé Rose, de Charles Martin, de Louis Breysse, les bulletins municipaux et paroissiaux «Mon clocher, mon pays», les témoignages ont été d’un précieux secours.

Bref rappel historique

En France on a commencé à donner des noms aux rues à partir du Moyen – Age.
Associés de très près à la vie quotidienne des hommes, les noms des rues ont en général beaucoup à dire et constituent une mémoire incomparable d’un village ou d’une ville. Ce sont des pages d’histoire à ciel ouvert.
Ils étaient définis en général de deux façons :
Ceux qui sont dus à la spontanéité populaire parlent d’eux-mêmes.
Ils sont attribués en fonction :

  • de la nature : Les Grès (terrain caillouteux).
  • des éléments du paysage : Rue du moulin, Rues des écoles.
  • des monuments : Place de l’église.
  • des divertissements en vogue : Allées des jeux de boules.
  • de l’orientation dans l’espace : Porte du nord, du sud.
  • de la situation de la rue ou du lieu qu’elles desservent : Chemin de la
    Bâtie, des Barrinques, Avenue d’Orange, de Montélimar..
  • des activités économiques et commerciales : Rue des Pêcheurs.

Puis on voit apparaître des noms de rues rappelant des personnages militaires (Portes Jullien et Couston) et des noms d’artistes ou de notables (Château Jullian, Chemin des frères Marseille)

Actuellement un mélange de toutes les tendances et un regain de nostalgie ou de régionalisme (Clos des Oliviers, Parc des Cigales) se retrouvent dans les noms donnés à des quartiers du village.

A Lapalud


La route nationnale

La route nationnale
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Les noms des rues se sont transmis par la bouche à oreille, de génération en génération, et ont été officialisés par des délibérations municipales de 1959, de 1965 et de 1970.

Les rues de Lapalud, dans les années 1925, étaient en très mauvais état. Les Anciens se souviennent que l’on appelait le village : «Lapalud des trois caniveaux» ou «La Palud Trois Cassis»

Voilà à ce propos un article du «Miroir des Sports» paru dans les années 26/27:
Le petit village de La Palud finira peut-être, un jour, par devenir célèbre, et ce sera comme à Dijon, grâce à ses «cassis» bien que ce ne soit pas tout à fait les mêmes.
La route nationale n°7 est littéralement barrée par trois cassis de la pire espèce. Des poteaux indicateurs ne manquent pas, sans doute, d’avertir à temps l’automobiliste emballé, mais hélas ! Quand on lit «cassis» sur une plaque, le plus malin ignore s’il y en a un, deux …ou trois.
On passe donc, à merveille, le premier un peu moins bien le second, et l’on se croit quitte. On «gaze» et l’on vient tomber lourdement dans le troisième.

Le chroniqueur de la revue paroissiale «Mon clocher, mon pays» rétorquait avec humour : Les Lapalutiens ont tout prévu. A proximité de chacun de ces cassis, ils ont aménagé un garage réparateur. En attendant, au café d’en face, les automobilistes peuvent savourer un ratafia de Dijon qui adoucira les amertumes des cassis de La Palud et les leur fera passer en douceur.

La toponymie de quelques rues lapalutiennes

Les noms de rues qui s’inspirent de la nature

Rue des mûriers

Allant du chemin des muraillettes à la rue de la Bâtie, elle tient son nom des innombrables mûriers qui occupaient le sol de notre commune.
L’abbé Rose, en 1854, parle d’ «une forêt de mûriers» à Lapalud.
Il y en avait autour des remparts, au bord des fossés, dans les champs, le long des chemins. On en plantait aussi pour borner les terrains.

Les mûriers ont été plantés pour nourrir les vers à soie.
Le mûrier blanc est introduit dans le sud de la France par Henri II en 1550. On appellera cet arbre : «l’arbre d’or»
La sériciculture fut introduite dans le Comtat Venaissin par les Italiens qui suivirent les Papes à Avignon au XVIème siècle.
Grâce aux travaux d’Olivier de Serre elle prit de l’extension. On la pratiqua à Lapalud jusque pendant la deuxième guerre mondiale par obligation pour la confection des parachutes allemands.

Dans les siècles passés, des particuliers ainsi que la Commune avaient des plantations de mûriers et on en prenait grand soin puisque l’élevage des vers à soie était d’un grand intérêt économique. Un valet de ville les entretenait et pratiquait le luchetage et l’émondage(le bêchage et l’enlèvement des branches mortes ou nuisibles)
Entre les deux guerres on comptait 600 000 mûriers dans la plaine comprenant Pierrelatte, Lapalud, Mondragon.

– Pendant la seconde guerre mondiale, la soie étant indispensable dans la fabrication des parachutes allemands, les propriétaires de mûriers ont dû déclarer le nombre d’arbres en leur possession. On menaça de sanctions les cultivateurs et les Maires (appelés à cette époque chefs de délégation spéciale) en cas de fausses informations.
Pour les autorités allemandes, il s’agissait de contrôler et d’évaluer la production de cocons en fonction du nombre de mûriers.

Les berres

Les fossés

Les Berres
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Ce quartier situé à l’ouest des Planières est déjà mentionné sur un plan de 1739 où l’on voit les deux cours d’eau arrivant du nord s’appelant les «grandes Berres» et les «petites Berres».
Sur le plan de 1743 la «petite Berre» était la frontière entre les terres de France et celles du Comtat.
Sur le plan napoléonien, deux fermes et le pont sur le canal sont appelés les Berres et le pont de Berre.

Les noms de rues qui s’inspirent des éléments du paysage

Le Béal

Le béal

Le béal
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C’est un mot d’origine gauloise signifiant «canal» ou «fossé».
On trouve ce nom dans beaucoup de villages.
Souvent les béals(ou béaux dans certaines régions) étaient chargés d’amener l’eau aux roues ou aux turbines des moulins, des scieries, des usines de tissages, des filatures. Ils permettaient aussi d’irriguer les prés et les prairies.

Il en existe deux à Lapalud :

  • le Béal de Lapalud dans lequel coulent les eaux du Réallet (qui arrive de Pierrelatte) et de différentes sources jusqu’au moulin.
    Le Béal servit aussi de déversoir aux eaux du lavoir et à celle de l’abattoir. Il fut recouvert par la Municipalité dans les années 60/65.
  • le Béal des Barrinques qui fut certainement creusé en même temps que le pont de Pont Saint Esprit sous la direction des Frères Pontifes qui firent dans la région de nombreux travaux d’assainissement.
    Il est probable que c’est sur l’intervention du Cardinal de Rovère, évêque de Carpentras, archevêque d’Avignon, futur Pape Jules II qu’ils le creusèrent. Ce béal fut à l’origine profond et assécha une partie du pays.
    Il se jette dans le Réallet.
Rue du Barry

Cette rue longe les anciens remparts du village. Elle est en partie construite sur le Béal recouvert. Barri ou barry signifiant «rempart» en provençal.

Rue des fossés

Les fossés

Les fossés
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Cette rue qui part de la rue des Bourgades Hautes et qui va jusqu’à la route de Saint Paul longe un deuxième ancien fossé défensif qui circulait à cet endroit. Ce fossé a d’abord été un élément défensif pour le bourg.
En effet après le siège du Baron des Adrets lors des guerres de Religion en 1562, on creusa un deuxième fossé pour éviter que les Calvinistes (Protestants) ne s’emparent de Lapalud une seconde fois.

Au début du siècle ce fossé continuait le long de la pharmacie, traversait le cours des platanes, passait devant ce qu’est actuellement la Poste et allait se jeter dans le Béal.
Les Anciens allaient sous le petit pont du Monument aux Morts, où c’était humide, chercher des vers pour la pêche.
Ce fossé a été recouvert dans les années 1930.
Lapalud était un village où de nombreuses sources alimentaient les cours d’eau. Ces sources se sont taries avec la construction du canal Donzère – Mondragon qui a eu comme conséquence de faire baisser le niveau de la nappe phréatique.

Le terre- plein qui est parallèle à la rue des fossés eut plusieurs attributions : il fut pâture, cimetière.

Les noms de rues qui s’inspirent des monuments

Place de l’église

Comme son nom l’indique elle se situe devant l’église.
On peut remarquer sur le mur ouest de l’église, à quelques centimètres du sol une plaque d’altitude mentionnant l’altitude de la commune : 46 m.
Beaucoup plus haut, sur le clocher, on peut encore voir des vestiges de la canonnade de François de Beaumont, Baron des Adrets qui assiégeait Lapalud en juin 1562 lors des Guerres de Religion.

Le calvaire du XIIème siècle en pierre de taille comporte quatre niches qui abritaient des statues aujourd’hui disparues. Il est surmonté d’une croix en fer datant certainement de 1849 puisque cette date y est inscrite. Cette croix de fer remplace certainement une plus ancienne puisque ce calvaire est visible sur un plan antérieur à 1780.
Jusqu’en 1780 le cimetière se trouvait à l’est et au nord de l’église. L’évêque, en visite en 1764, constate que la grille est devenue inutilisable et de ce fait que les animaux domestiques y circulent librement. Il recommande de faire refaire la porte.

Sur cette place se trouve également le presbytère dont on reconnaît la porte par la croix en pierre située au-dessus.

Les noms de rues qui s’inspirent des divertissements en vogue

Allées du jeu de boules

Les fossés

Les fossés
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Ce sont les deux allées qui partent du Monument aux Morts et qui longent les jeux de boules.
Il y a longtemps que l’on joue aux boules à cet endroit.
Les joueurs ont commencé à jouer à l’ombre des mûriers jusque dans les années 1910/1915 puis à l’ombre des platanes.
Au début du siècle, les boules en bois étaient cloutées. Elles ont commencé à être remplacées par des boules en fonte dans les années 1920.
On y jouait même aux quilles qui mesuraient entre 80 cm à 1 m et qu’il fallait faire tomber avec des boules.

En juillet 1921 a été inauguré le Monument aux Morts.

Les noms de rues qui s’inspirent de personnalités

Chemin des frères Marseille

Les Marseille

Les Marseille
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Ce chemin qui s’appelait chemin des Grès parce que situé dans le quartier des Grès s’appelle maintenant chemin des frères Marseille depuis 1965 parce que nos célèbres lutteurs y habitaient.
Henri Marseille, dit le «meunier de Lapalud» car il était meunier au château des Barrinques, conquit à Paris le titre de champion de France de lutte gréco-romaine.
Puis il fit «monter» à Paris son jeune frère Jean Baptiste connu sous le nom de Marseille le Jeune, le lion de Lapalud. Tous deux conquirent de nombreux titres, engagèrent une troupe de lutteurs et se déplacèrent dans toute l’Europe. Il faut dire qu’il existait un réel engouement pour la lutte, en témoignent les statues de Félix Charpentier.
Henri Marseille repose au cimetière communal.

Rues de l’abbé Rose et de l’abbé Vallat

Ces rues portent le nom de deux prêtres qui ont marqué la vie paroissiale de notre village.
Le plus ancien, l’abbé Elzéar Véran Rose, a fait des recherches sur le village. On lui doit la découverte du blason et la devise du village, une notice historique sur la paroisse de Lapalud éditée en 1854.
Il s’est investi pour l’agrandissement de l’église, ayant pour ennemi le colonel anticlérical : Louis Victor Jullien qui refusait de voir l’église s’agrandir et empiéter la placette qui donnait sur l’entrée de sa demeure.
L’abbé Rose a été curé de la paroisse de novembre 1825 à juillet 1878, soit 53 ans, il a été Officier de la Légion d’Honneur.
C’était un homme de haute taille dont les cheveux lui tombaient sur les épaules. Il portait constamment sa croix d’officier de la Légion d’honneur sur sa soutane.

L’abbé Vallat a été prêtre à Lapalud de 1924 à 1943, soit plus de 20 ans.
Il fut à l’origine de la revue paroissiale «Mon clocher, mon pays»
Quand il n’a plus été prêtre de la commune, il a continué à l’habiter avec ses sours, dans la rue qui porte son nom.

Place Fernand Morel

Place Morel

Place Morel
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Cette place située derrière la pharmacie porte le nom du maire qui a acheté pour la commune le château Julian.
Cette place a été baptisée en son nom en 1988.

Les noms de rues qui s’inspirent de l’orientation dans l’espace

Rue des Bourgades Hautes

Il existe à Lapalud deux rues des Bourgades, les Bourgades Hautes au nord du village et les Bourgades Basses au sud.
Le nord étant situé en haut des cartes, des plans, le sud au bas, les rues ou les quartiers au nord se voyaient attribués l’adjectif «haut» alors que ceux au sud s’appelaient «bas»
Les bourgades étant les quartiers extérieurs au centre du village.

Le nom de cette rue est mentionné dans le cahier de doléances de la commune.
(En 1789 le Roi convoque les Etats Généraux où sont représentés les trois ordres : la Noblesse, le Clergé et le Tiers Etat. Dans chaque commune, une assemblée note les voux et les demandes que l’on souhaite voir aboutir.)
En effet, sur le cahier de doléances de Lapalud ,les citoyens demandent (entre autres) que la somme de 24 livres payée un voiturier pour avoir fait tomber la croix de la rue Bourgades Hautes lui soit remboursée.

Cette rue a porté d’autres noms avant de reprendre sa dénomination actuelle :

  • La rue du cimetière
    En 1780, le cimetière qui se trouvait à côté de l’église étant devenu trop petit, a été déplacé dans la seconde partie du cours des fossés (après les jeux de boules).
    Ce nouveau cimetière, d’une superficie d’environ 600 m2 et fermé d’une grille restera aux Fossés jusqu’en 1850 où étant devenu à son tour trop exiguë et posant des problèmes d’hygiène, il sera déménagé et déplacé au sud du village.

    Il y eut, à Lapalud, un autre cimetière, un campo santo avec une chapelle, au nord, près de la nationale 7.
    Voici ce qu’en dit l’abbé Rose : «La chapelle du Bon Pasteur, vulgairement appelé Saint Pastré, dont l’origine est inconnue et la ruine parait remonter aux Guerres de Religion du 16ème siècle est située à la limite septentrionale de notre territoire. Jadis se trouvait annexé à la chapelle un campo santo qui était destiné à la sépulture des paroissiens décédés durant les inondations, fort fréquentes au Moyen Age : le terrain de ce cimetière est à l’abri des incursions du Rhône. C’est en raison des souvenirs qui se rattachent à ce lieu qu’on y vient chaque année faire une station pendant la procession des Rogations*.»

  • La rue des écoles

    Ensuite cette rue a desservi les deux écoles : l’école maternelle aujourd’hui démolie et l’école de garçons (l’actuel centre socio-culturel)

    • L’école maternelle Une partie de l’école maternelle est restée dans ces locaux jusqu’en 1976.
      Il y eut la cantine pour les enfants résidant à la campagne jusque dans les années avant guerre.
      Ce bâtiment fut aussi dispensaire et à partir de 1976 il fut attribué à différentes associations : le judo, la gymnastique volontaire, l’art en liberté…
      Sa démolition a permis l’aménagement d’un parking.
    • L’école de garçons Elle s’installe dans ce bâtiment qui appartenait à la famille Laurent en 1867et les garçons y resteront jusqu’en 1935, date à laquelle l’école de garçons, avenue de la gare, prendra le relais.
      Les locaux ainsi libérés seront affectés aux filles qui suivaient jusqu’alors leur scolarité à l’école située à la place de l’actuelle Poste.
      Un rapport de la mairie justifie ainsi ce déménagement : «L’école maternelle aura ainsi un voisinage moins bruyant.
      Un autre avantage de cette façon de procéder est que la cour de l’école actuellement affectée aux garçons et qui est un peu exiguë pour ceux-ci sera suffisante pour les filles aux ébats moins tumultueux tandis que dans la nouvelle école affectée aux garçons, on a réservé une très grande cour et aménagé un jardin d’expériences pour initier les enfants aux travaux agricoles.»
      Madame Marcellin, alors directrice de l’école de filles, s’insurge par lettre sur ce projet et demande la création d’un groupe scolaire: «Ecole de filles – Ecole de garçons»trouvant injuste que les vieux bâtiments «n’étant plus convenables pour les uns deviennent assez bons pour les autres» et elle souhaite que «les fillettes n’apprennent pas sur les bancs de l’école même que l’Egalité n’est qu’un mot et que partout, dans la vie, la force prime le droit.»
      Puis dans ce bâtiment les enfants des petites classes (jusqu’au CE2) garçons et filles seront regroupés alors que les grandes classes et la classe du certificat se trouveront à l’actuelle école Jules Ferry.
    • Pendant la seconde guerre mondiale, La Kommandantur était installée dans une maison de cette rue.
      Il y avait une trentaine de soldats allemands, des officiers et une sentinelle qui montait la garde en permanence. Le drapeau avec la croix gammée et un écusson arborant l’aigle germanique étaient fixés sur la fenêtre centrale.

Les noms de rues qui s’inspirent de la situation ou du lieu qu’elles desservent

La grand rue

Place Morel

Grand rue
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Tous les villages datant du Moyen-âge possèdent une grand-rue souvent étroite, mais qui traverse le village de part en part.
C’était la rue principale des villages, l’animation y était dense. Aujourd’hui ces rues sont délaissées à cause de leur étroitesse, de leur manque d’ensoleillement.
Lapalud ne fait pas exception à la règle. Il n’y a pas si longtemps il y avait des commerces (une boucherie, un coiffeur, une épicerie…), les gens sortaient leur chaise pour discuter…

Notre grand-rue a changé d’appellation par décision du Conseil Municipal du 12 avril 1945 et elle s’est appelée – Cours Estienne d’Orves (1901-1941) du nom d’un officier de marine, pionnier de la Résistance, fusillé par les Allemands.

Chemin et rue des Barrinques

Les Barrinques

Les Barrinques
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La rue des Barrinques commence à l’angle de la pâtisserie Bertrand pour rejoindre la RN7 et le chemin des Barrinques conduit au château du même nom.
Il est à noter que sur certains plans dont celui de 1 987 le chemin des Barrinques est situé à la place de la rue des Bourgades Basses.

Le château des Barrinques ou plus précisément Barrenques

Ce château était une seigneurie indépendante.
Après la Révolution, elle a été réunie avec la seigneurie de la Bâtie et celle de La Motte pour former une nouvelle commune : Lamotte du Rhône

Ce fief appartenait au XVème siècle à une famille noble de Montpellier (Province du Languedoc), la famille de Saint Roch.
Puis au XVIIIème siècle, la famille du Baron Vanel de Lileroy édifie le château qui par mariage en 1824 deviendra la propriété de Charles Testu de Ballincourt* qui se retirera dans ces terres en 1830 pour y mener une vie de gentilhomme campagnard. Il fera l’élevage des vers à soie, construira une digue, des fermes qui existent toujours dans la plaine du Rhône.

Le canal des Barrinques traverse la propriété et deux dérivations de ce canal entourent le parc dans lequel on trouve un moulin où Henri Marseille, le célèbre lutteur fut meunier, un petit pont, une magnanerie et de beaux arbres rapportés par le Marquis de Ballincourt.

Les noms de rues qui s’inspirent des activités économiques

Rues haute et basse des Pêcheurs et impasse des Pêcheurs

Les adjectifs haute et basse indiquent leur position géographique, la rue haute étant au nord de la rue basse.
Le nom de ces rues est le témoignage d’une activité ancestrale.
En effet on a trouvé, au hasard des terrassements, en bordure de l’ancienne brassière du Rhône, de très anciens cailloux percés servant à lester les filets des pêcheurs
Il est à noter que sur le cadastre napoléonien le quartier situé entre la rue haute et la rue basse des pêcheurs est appelé Quartier des pêcheurs.

Il y avait des aloses, des brochets dans le Rhône, des anguilles dans le Béal et les mayres étaient poissonneuses. En 1878, un ouvrage, l’Annuaire de Vaucluse, cite comme très commun dans nos rivières le brochet, la truite, la carpe, l’alose, l’esturgeon, la lamproie, l’écrevisse…

Rue des orfèvres

L’origine de ce nom reste pour l’instant un mystère. Il n’y eut, à priori aucun orfèvre dans notre village et encore moins de regroupement d’orfèvres.

Il peut y avoir plusieurs explications à ce nom:

  • Il existait des orpailleurs (des chercheurs d’or) sur le Rhône et ses affluents. En témoignent la place des orpailleurs à Châteauneuf du Rhône et les orpailleurs de Codolet qui lorsqu’ils ne cultivaient pas la vigne recherchaient l’or et on dit que certains habitants de Codolet auraient fait fortune.
    D’ailleurs, Frédéric Mistral, dans son «Poème du Rhône» publié en 1897 où il raconte les aventures du Prince d’Orange parti à la recherche l’Anglore, dit que la jeune fille habitait le Malatras (une île au confluent de l’Ardèche et du Rhône vers Pont Saint Esprit) et qu’elle passait au crible les sables de l’Ardèche pour en retirer des paillettes d’or.
    Mistral avait réalisé une enquête très poussée avant de rédiger son Poème du Rhône et peut être, tout comme l’orpailleuse du Malatras, des Lapautiens auraient-ils trouvé des paillettes d’or ?
  • On parle aussi de trésors enfouis :
    – Dans son ouvrage, Charles Martin dit ceci : «Les pères de nos grands-pères avaient entendu dire que les Templiers avant de s’enfuir avaient fait fondre tout l’or qu’ils avaient et qu’avec le métal ainsi obtenu, ils avaient coulé deux anges d’or. Ces anges seraient enterrés dans le vieux La Palud. En tout cas, il parait que dans les derniers siècles passés, quand quelqu’un faisait rapidement fortune, les gens du pays disaient : A trouva li ange.»

    – L’abbé Rose, lui, rappelle le siège de Lapalud par les Calvinistes menés par le Baron des Adrets.
    Il raconte que des Lapalutiens, par peur d’être dévalisés, avaient caché leur argent dans des cloisons, des champs et que de nombreuses années après on a retrouvé l’or. Il paraît que dans les murs de l’hôtel du Comte de Maligeac on aurait trouvé
    4 000 francs en pièces en or de l’époque des Valois qui furent vendues à des orfèvres et qui allèrent orner les musées des départements voisins.

    – On dit aussi qu’au début du 20ème siècle, un autre trésor en pièces d’or aurait été trouvé.
    Est-ce dans cette rue que des pièces ou d’autres objets en or et en argent auraient été cachés puis découverts par des habitants qui seraient devenus subitement riches et cela expliquerait ce nom ?

  • Des Anciens du village, à qui on a posé la question quant à l’origine du nom de cette rue nous ont parlé immédiatement de trafic d’or.
    Ils avaient entendu parler par leurs parents ou grand parents de ces nombreuses diligences qui arrivaient du Nord, de la Drôme, qui transitaient par un relais de diligence qui se serait trouvé à l’emplacement de l’entrepôt de M. Lert, à la place de l’actuelle pharmacie.
    Notre village étant une sorte de poste frontière entre les Etats Pontificaux et le Royaume de France, y avait-il un trafic d’or entre ces deux états ?
    Ou bien ces diligences et ses occupants auraient-ils été délestés de leurs objets de valeur ?
    Toujours est-il que Lapalud était réputé pour les vols qui s’y commettaient, pour preuve la chanson que l’on chantait à la ronde, chanson antérieure à 1871 : «A Lapalud on m’a volé ma montre, on m’a volé mes écus.»