La guerre 39-45

Classe de M. Nurry en 1947

Les Allemands occupent le village

Les Allemands ont occupé Lapalud en 1942. La Kommandantur était installée rue des Bourgades hautes. Cette maison appartenait à l’époque à une veuve, Mme Joséphine Chaix qui a continué à y vivre malgré l’occupation avec une servante.

Sur la fenêtre centrale, il y avait un drapeau avec une croix gammée et un écusson arborant fièrement l’aigle germanique. Avec les officiers, il y avait environ une trentaine de soldats. Une sentinelle montait la garde en permanence.

2 fois par jour, matin et soir, le canon tirait à blanc.

Rue Saint Joseph, était logée aussi une trentaine de soldats avec sentinelle à l’entrée. Tous les soirs, il y avait le couvre-feu à 9h.

D’autres Allemands étaient logés à Lapalud : une cinquantaine au château Julian, certains au Portalet, d’autres, mais peu nombreux à la Serviotte, et quelques-uns à Belhombre…

Prise d’otages

Un soir de l’automne 1943, la sentinelle qui faisait la faction devant la maison Gréco s’est tiré un coup de fusil pour se mutiler, il en a perdu connaissance. L’officier est sorti de la maison, a cru à un acte de la Résistance et pour l’exemple a voulu arrêter 10 otages dans le voisinage : dix français innocents contre un soldat Allemand. Heureusement le soldat Allemand reprit connaissance, expliqua son geste par le fait qu’il ne voulait pas être envoyé sur le front russe et qu’il préférait mourir ici. Un officier allemand l’acheva et la prise d’otages tourna court.

L’occupation

Tous ces Allemands défilaient le dimanche après-midi dans les rues du village.

Les allemands régulièrement faisaient une parade sur le cours des platanes, devant le cinéma Casino. Un dimanche, après leur défilé, des soldats Allemands sont venus se désaltérer et voyant des adolescents, qui leur faisaient penser aux leurs, leur ont offert la tournée, leur disant qu’ils aimaient la France, qu’ils étaient des Alsaciens enrôlés de force, des « malgré nous ».

Les Allemands avaient installé un pipe-line sur l’Enclos, sur le sol. Il a été percé ou il fuyait alors les Lapalutiens allaient se servir en gas-oil avec des boîtes.

Monsieur Nury, instituteur et résistant

Par rapport à Bollène, il n’y eut pas à Lapalud des faits de résistance marquants.

Il y eut des Résistants dont Monsieur Nury, instituteur à Jules Ferry. Il était recherché. Plusieurs fois la Gestapo est venu aux écoles pour l’arrêter. Il les voyait arriver à travers la cour et il partait par la porte du couloir à l’arrière. Il se cachait dans le puits derrière l’école. Il laissait seul les élèves, alors les grands s’occupaient des petits et leur apprenait à pêcher, à chasser

Un lapalutien se souvient du jour où des miliciens sont venus arrêter l’instituteur. Il était en classe dans la salle du milieu, la grande classe, (la petite classe étant celle à côté du préau) assis contre la fenêtre quand il a vu deux hommes avec des bérets noirs pénétrer dans la cour de l’école. M. Nury les avait vus aussi, il eut juste le temps de passer par la porte de derrière, de prendre le passage qui donne impasse du Pâtre, de passer dans les champs, vignes, jardins protégés par des haies qui sont l’actuel camping et de passer dans la Drôme rejoindre les F.F.I.

A la fin de la guerre, lorsqu’il est revenu, il était capitaine des F.F.I. de la Drôme et le maire de l’époque, M. Buffier, à l’occasion d’un discours en a fait son éloge.

Le maire démis de ses fonctions

Danton Buffier, le père de Paul Buffier était maire mais on l’avait démis de ses fonctions parce qu’il avait des idées de gauche sous le régime de Vichy.

On avait aussi retiré 12 permis de chasse à des chasseurs que l’on considérait comme « dangereux » pour leurs idées de gauche.

Un jour, à un enterrement civil, Danton Buffier, dans son discours avait égratigné « un peu » le régime en place. Le lendemain soir des policiers descendus de Paris et de Lyon sont venus lui dire « vu votre âge, on ne vous arrête pas pour cette fois, mais si vous recommencez, on vous enverra dans un camp de concentration. » Son âge l’a sauvé.

Des allemands charitables

Certains Allemands étaient charitables, en particulier ceux qui logeaient à la Servotte. Il y eut deux chevaux abattus, les Allemands firent venir le boucher, pour les dépecer et en faire profiter la population Lapalutienne.

Des bals clandestins

Pendant la guerre, il y avait des bals clandestins (quartier du Moulin, dans la finière de Hortal) Un lapalutien jouait de l’accordéon, un jour s’est fait gronder car, sans le savoir, au même moment, Bourg St Andéol se faisait bombarder.

La débacle

Les Allemands ont quitté Lapalud avant que les Américains n’arrivent le samedi 26 août 1944 à 18h.

Les Américains sont passés devant la Mairie de Lapalud en jeep avant d’aller à Montélimar.

Quand les Allemands sont partis, certains Lapalutiens ont préféré se réfugier chez des amis en campagne pour éviter certains gestes malheureux qu’auraient pu avoir les soldats Allemands en déroute et la ferme des Girardon en accueillit un certain nombre.

Dans chaque ferme il y avait plusieurs familles, elles ne sont restées que quelques jours, elles dormaient dans les finières.

Lors de la déroute, une troupe d’Allemands de passage qui fuyait devant les Américains s’est arrêtée dans une des fermes lapalutiennes, l’officier a demandé une omelette d’une quarantaine d’œufs pour lui et ses hommes. La propriétaire s’est exécutée et pour la remercier, alors qu’ils devaient faire un barrage pour résister aux Américains au niveau de l’actuelle Nationale 7 et la route de Bourg ils sont partis sans le faire pour les épargner.

La libération

Lapalud a été libéré par les américains. Le 1er véhicule à pénétrer dans le village a été un char canadien. Dès que les américains sont arrivés, Danton Buffier, lui qui avait été destitué, remplacé par un maire par délégation, est rentré dans la mairie. Il a saisi une écharpe tricolore et s’est proclamé maire en disant : « A partir d’aujourd’hui, c’est moi le maire , et chanta « la Marseillaise ». Des élections eurent lieu et il fut réélu. Les maires suivant cette période furent Aimé Mathon, Urbain Pradelle, le grand-père de Jean Pierre Lambertin.

Pour fêter la Libération, la fête dura plus d’une semaine, il y eut des bals offerts par les commerçants,

Quand les Américains sont passés, ils ont donné des chewing-gums et il y a eu un bal chez le Cigalon.

Au printemps 46, Fernand Marin député-maire communiste de Sorgues est venu rebaptiser le cours des platanes du nom de Gabriel Péry instituteur fusillé par les Allemands et la grand rue a été baptiser rue Honoré d’Estienne d’Orves, capitaine de corvette, fusillé au Mont Valérien.

Bilans

Il y a eu 4 mobilisés le 1er jour de la guerre : MM. Daudel, Monnier, Boiton et Poulet

Il y a eu 24 prisonniersAurus Marcel, Barnouin Charles, Beaumet Jean, Bérard Joseph, Bizard Gaston, Blachère Fernand, Bony Adrien, Clary Henri , Carpentras Louis, Chabaud Marin, Fargier Charles, Girardon Albert, Grigliatti Léon, Héraud Augustin, Julien Lucien, Justamond Louis, Justamond Auguste, Justamond Abel, Lert Marcel, Martin-Teissère Marceau, Marcel Marius, Pensier Fernand, Soulavie René, Venet Alfred

Il y a eu 6 hommes envoyés au STO : Duc Roger, Noguier Lucien, Pouzol Francis, Salvan Marius, Seston René, Verchère Albert

Des Lapalutiennes ont été aussi employées au STO, pour effectuer les ménages des maisons de Lapalud réquisitionnées par les allemands. Elles étaient 2. Leurs noms sont disponibles aux archives départementales d’AVIGNON.

Ces « requises » étaient payées à l’heure selon une grille officielle. Elles dépendaient d’un bureau administratif d’Avignon collaborant avec l’administration allemande. Ces travaux ont été reconnus et ont compté pour le calcul des retraites.